Lise, des actions pour donner un sens à notre existence

Par Claire le 04/01/2022 dans Ils se sont mis en mouvement

“Réapprendre à parler de ses émotions avec ses proches : que chacun puisse dire que, eux aussi, ils ont peur du changement climatique”

Avec Lise, nous nous donnons rendez-vous au niveau du Capitole, l'hôtel de ville de Toulouse, en plein centre-ville. Notre idée initiale était de faire l'interview dans un salon de thé, au calme mais au chaud. Un train raté de peu, nous commençons légèrement plus tard que prévu, à une heure qui n’est plus compatible avec les horaires de l’endroit où nous voulions aller.

Lise habite le centre ville et en connait ses recoins. Je me laisse donc guider : nous nous éloignons un peu de la place du Capitole toujours très peuplée et nous choisissons un bar calme dans une rue attenante. L’interview se fait autour d’un chocolat chaud, sur fond de musique jazzy.

Bonjour Lise, tu travailles actuellement en tant que Cheffe de projets "Petites villes de demain". Ce que j’ai compris de ce programme porté par l’Agence nationale de cohésion des territoires, c’est qu’il a pour objectif d’apporter aux petites communes un accompagnement sur-mesure en ingénierie sur des projets d'aménagement structurants qui participeront à leur transition écologique. Il s’agit entre autres de relancer une dynamique aux cœur de ces “petites villes” en réhabilitant l’habitat en déshérence, en redynamisant les petits commerces et les espaces publics, et en agissant aussi sur la mobilité pour amener des mobilités douces dans ces territoires encore beaucoup basés sur le tout voiture.

Est-ce bien ça ? Peux-tu m’en dire un peu plus sur ton travail ?

Oui c'est bien ça ! J’ai récemment été recrutée par une communauté de communes à 45 minutes de Toulouse et je vais travailler pour deux communes d’environ 5000 habitants chacune. Le plan d'actions a déjà été défini par la communauté de communes. Je vais donc m’occuper des études de faisabilité, de la recherche de financements, de la mise en œuvre en veillant à la bonne intégration dans les plans plus globaux. Je vais dans un premier temps me consacrer principalement aux problématiques de mobilités.

Les élus des communes où je travaille ont énormément d'idées. Ma tâche va donc être de les structurer et de les prioriser en alliant transition écologique et redynamisation du territoire. L’idée est d’éviter la mise en place des projets au coup par coup et, au contraire, de garantir une vision d’ensemble.

Tu n'as pas toujours travaillé dans le domaine de la transition écologique. Peux-tu m’expliquer ton parcours qui t’a amené à ce projet ?

Toute petite, j'étais passionnée d'aéronautique. Je voulais être pilote, pilote d'hélicoptère en montagne d'ailleurs ! Comme j'ai le mal de mer et que je n'ai pas une résistance physique extrême, j’ai écarté tous les métiers de pilote et je me suis dit “Je vais être ingénieur aéronautique, c'est super classe aussi !”. J’ai donc fait une école d’aéronautique et j'ai eu beaucoup de mal à admettre que ça ne me plaisait pas. En dernière année, j'ai fait un Master 2 “Administration des entreprises” en double diplôme et, ça, ça m’a beaucoup plu. Quand j’ai cherché du travail, je me suis donc plutôt orientée vers la gestion de projets mais toujours dans le domaine Aéronautique. C'était plus simple puisqu’en lien avec ma formation initiale.

Donc, j'ai été consultante en gestion de projets pendant, au total, 4 à 5 ans pour une entreprise sous-traitante d’Airbus. J’ai travaillé sur deux projets de développement avion en équipe internationale ce qui, il faut l'admettre, était hyper passionnant et très stimulant. Au bout d'un moment, l'euphorie est un peu passée. Et puis le côté un peu aliénant que peut avoir le travail avec le trajet, les horaires de présence, la hiérarchie, ça commençait vraiment à me peser. Plus que la scission avec mes valeurs à cette époque-là, finalement.

Au bout de 2 ans, en 2015-2016, je suis partie en voyage pendant 2 ans et demi avec mon compagnon, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Je m'étais dit que ce temps-là m'aiderait à réfléchir à ce que je voulais faire d'autre concernant mon travail mais, en réalité, on était toujours en mouvement et pour réfléchir, il faut du temps, il faut se poser et on ne s’est pas du tout posé. De retour en France, mon ancienne boîte m'a recontactée très vite. Je suis donc repartie avec eux sans vraiment me poser trop de questions.

Photo prise et choisie par Lise

Et après cette énorme parenthèse, le retour au quotidien professionnel s’est fait facilement ?

Le train-train m'a rapidement repris un peu à la gorge et, en 2019, on est reparti en voyage avec mon copain. A l’époque, la cooptation fonctionnait à fond et plusieurs entreprises m’avaient contactée avant mon départ pour me dire qu’il y aurait de la place pour moi à mon retour. Donc, j’étais confiante. L'objectif était de partir 6 mois et j’avais le projet, à notre retour, de reprendre mon travail le temps de faire un enfant, de pouvoir emprunter pour acheter une maison. C’est-à-dire profiter du système jusqu’au prochain creux dans l’aéronautique, parce que, cette industrie, elle a une activité cyclique, avec des hauts et des bas. Je reconnais que ma décision était un peu cynique, mais je ne voyais pas comment faire autrement, notamment financièrement.

A cause du Covid, on a été rapatrié d’Amérique du Sud en avril 2020, en plein milieu du premier confinement. L’industrie aéronautique était à l’arrêt. Je ne me voyais pas attendre en ne faisant rien et j’ai décidé de me lancer dans ce que j'avais envie de faire depuis un moment : pouvoir marquer Chargé de projet en développement durable sur mon CV, même si c'est bien plus que ça maintenant ! J’ai revu un ancien coloc’ qui avait fait le MSEI en 2014-2015 même si, à l’époque, je n'avais pas très bien compris ce qu'il faisait. On en a reparlé, ça m’a intéressé, j’ai postulé et j'ai été prise. J’ai eu beaucoup de chance car, maintenant, sur cette formation, il y a une longue liste d’attente.

Donc, faire ce mastère spécialisé n'a pas été la conséquence d’une grosse prise de conscience ?

Non, parce que la prise de conscience, je l'ai depuis longtemps mais, comme je n'arrivais pas à trouver de solution à la dissonance entre mes valeurs et mon travail, je l'avais accepté. Je vis en colocation, en collectif à six personnes, on cuisine et on mange ensemble, j'essaie de manger bio, j'ai réduit mes déchets, je fais mes produits ménagers depuis des années, je n'ai plus de voiture depuis que j'ai 20 ans... Lors de mes grands voyages, on faisait le voyage long-courrier aller et retour mais on limitait au maximum les trajets en avion sur place, et surtout on restait là-bas le plus longtemps possible, pour justifier le déplacement. Depuis notre voyage de 2019, on a décidé qu'on ne reprendrait plus de long-courriers... J'avais donc l'impression que, dans ma vie personnelle, je faisais tous les petits gestes possibles et imaginables. Finalement je satisfaisais ma conscience avec ça parce que je ne voyais pas comment je pouvais faire plus.

Je sais que beaucoup de gens parlent du choc, du moment de rupture. Moi, je n'ai pas l'impression de l'avoir eu parce que la prise de conscience était là depuis longtemps. Ça faisait d’ailleurs longtemps que mes collègues me regardaient de manière bizarre parce que je venais travailler en vélo, parce que je disais que ça m'énerve de voir les gens dans leur voiture tous seuls. J'étais déjà un peu un OVNI à Airbus et je l'avais toujours accepté.

Pourquoi ce type de travail dans le cadre des Petites villes de demain ?

La revitalisation des petites villes, ça m'intéresse énormément : redonner aux territoires une économie autre que celle qui est rapporté de la ville, quelque chose qui leur est propre. En termes d'action, je me disais que tout ce qui était gouvernemental n’était pas à ma portée. J’ai donc essayé de trouver une échelle qui le soit. Je trouvais que ce genre de projet était à portée humaine, pour moi en tout cas. Et puis, les petites collectivités sont très à l'écoute : ils sont preneurs de ce que je peux leur apporter, c’est du concret.

Est-ce que ce changement s’est fait facilement ? As-tu dû faire face à des difficultés voire des échecs ?

Il n'y a pas eu de changement radical. Même si, toute petite, je voulais travailler dans l'aéronautique, on habitait en maison forestière, dans la forêt. J'ai toujours eu une sensibilité très forte avec la nature, même pendant mes voyages où l'on était tout le temps dehors, tout le temps en train de marcher en plein air. Petite déjà, j’étais choquée des déchets que les gens jetaient n’importe où alors que je ne me rappelle pas que nos parents nous aient beaucoup sermonnés là-dessus.

Concernant la difficulté de changer, je pense que quand j'ai décidé quelque chose, je mets mon énergie dedans. Ensuite, la formation m'a beaucoup aidé à faire le lien entre écologie et social. Je l'avais un peu conscientisé mais pas à ce point-là.

Le plus dur pour moi a concerné les aspects financiers et de repousser le projet de création familiale. Comme j'avais démissionné quand je suis partie en voyage, je n'avais pas droit au chômage, j'étais au RSA. Mon compagnon est lui aussi en reconversion. Donc, même si suivre la formation n’empêchait pas de faire un enfant, en ajoutant les aspects financiers, on n’arrivait pas à se dire que c'était une bonne idée. Actuellement, on doit encore repousser ce projet parce que je suis en CDD. Ces questionnements concernant la maternité,on ne peut pas les éluder en tant que femme en fait !

As-tu ressenti des doutes avant de te mettre en action ? Comment les as-tu surmontés ?

Je pense qu'avant de me mettre en action, j'ai tellement pesé le pour et le contre sur l'énergie et sur les freins, que j'ai choisi des actions que je pensais être complètement à ma portée. Concrètement, si j'allais au bout de mes envies, je serais en train d'essayer de vivre dans un écolieu ou d'essayer de monter un projet de ressourcerie mais je me freine, je ne m'autorise pas à le faire parce que j'ai encore besoin de stabilité, j'ai besoin d'avoir un revenu régulier.

J'ai mis mon engagement à la hauteur de ce que je pouvais proposer. Je m'autorise à me dire que, peut-être, je ferai plus, plus tard, et, surtout, que ce n'est pas grave de ne pas faire plus aujourd’hui ! S'autoriser à se dire que ça n'est pas grave, qu’on a le droit de faire par étape, qu'on ne peut pas faire tout ce qu’on voudrait tout de suite.

Photo prise et choisie par Lise

La prise de conscience environnementale et climatique est souvent assez tabou, il est souvent difficile d’en parler à ses proches. Ta prise de conscience étant ancienne, cela n’a donc pas été ton cas ?

Ce n'est pas parce que la prise de conscience est progressive que c’est obligatoirement facile d’en parler ! Avant, je n'en parlais pas forcément avec mon entourage. Quand j’ai fait la formation, forcément, ils se sont interrogés. Les membres de ma famille n’ont pas forcément bien compris en quoi ça consistait mais, même quand je travaillais dans l’Aéronautique, ils ne comprenaient pas trop ce que je faisais. Mais j'ai l'impression que mes parents ont compris qu'ils pouvaient me faire confiance parce qu'ils ont vu qu'on s'en sortait toujours bien, qu'on était autonomes. Et qu'on était heureux, c'est toujours ce qui a été le plus important pour eux.

Comment as-tu donc fait ton “coming-out” ?

Je n’ai pas vraiment fait de coming-out. Il y a parfois déjà un peu d’incompréhension de ma famille sur mon mode de vie : certains sont surpris que je vive aujourd’hui en coloc en couple avec mon copain. Cette coloc, c’est un petit écolieu en fait ! On fait énormément de choses en commun.

Pour l'entourage amical, la rupture est moins grande parce que je vis déjà dans ce monde un peu alternatif. C'est pour ça que je disais que j'étais un peu en décalage avec mes anciens collègues : je vivais déjà d'une manière qu'ils ne comprenaient pas très bien.

As-tu eu la crainte de perdre des amis ?

Je pense que, du fait de mon mode de vie, il y avait déjà de l’incompréhension et que tous les gens qui étaient susceptibles de s'éloigner s'étaient déjà éloignés avant ma formation. Ou que moi, je m'étais déjà éloignée d’eux.

Avec tes proches qui n’ont pas la même prise de conscience que toi, ressens-tu un décalage ? Comment le gères-tu ?

Parfois, j'essaie d'avoir des débats constructifs avec mes parents. Mon père est passionné d'arbres, de forêt, ma mère est ingénieur agronome. On est issu d'un milieu rural, donc la terre, ça leur parle. On arrive donc à avoir des débats constructifs parfois. Avec d’autres membres de la famille plus éloignés, il y a une rupture trop grande entre nous depuis déjà 10 ans. La distance est déjà trop importante ce qui fait que je ne parle même pas de ces sujets avec eux.

En réalité, ce décalage, je le ressens souvent mais je pense que je me suis habituée. J'admire beaucoup ceux qui arrivent à débattre, à essayer de convaincre, mais, moi, je n’ai pas l’énergie. En fait, ça me gonfle ! Par exemple, quand des personnes, même avec lesquelles je m'entends très bien, me disent qu’elles vont partir en week-end en avion parce qu’elles ont trouvé des billets à 30 euros et que j'essaye de leur faire comprendre que ça n'est pas anodin, qu'on a aussi un rôle à jouer, je vois qu'il y a comme une absence dans leurs yeux, comme s'ils éteignaient leur conscience et qu’ils la rallumaient après. Donc j'essaie de ne pas m'épuiser. Personne n’est désespéré mais, moi en tout cas, je ne m’y attaque pas.

Qu’est-ce que ta mise en action a changé pour toi et autour de toi ?

Rien... Concrètement rien ! Non, ce n’est pas vrai, j’ai plus de discussions constructives avec les gens autour de moi, et je programme d’organiser des micro-débats chez moi pour discuter de sujets forts (la pérennité des forêts face au Bois Energie par exemple). Concrètement aussi, j’étais très stressée par le fait de bien réaliser “les petits gestes”, comme ne consommer que des produits en vrac. Ça m'aidait dans ma dissonance cognitive. Je vivais très mal quand un coloc revenait des courses avec des produits industriels suremballés, ça me rendait malade. Je me suis beaucoup détendue là-dessus, j’ai pris du recul. Certes, nous continuons à être très vigilant sur ce que nous consommons mais sans y focaliser trop d’énergie.

Est-ce qu’il y a des choses que tu pensais indispensables à ton bonheur et dont tu réalises aujourd’hui que ça n’est pas le cas ?

Je pense que c'est une question qui concerne le matériel pour ceux qui en ont déjà ! Comme ma seule possession est un lit king size... Plus tard, il y aura peut-être des choses auxquelles je voudrais renoncer mais c'est plutôt dans l'autre sens aujourd'hui.

Y a-t-il des choses que tu regrettes de ta vie passée ?

Les projets d’Airbus étaient très stimulants en termes de complexité et surtout d'organisation, et je me rends compte que ce n'est pas forcément le cas ailleurs. Mais il ne s’agit pas de regrets : ce sont des aspects que j'ai appréciés mais je n'ai pas envie d'y retourner.

Qu’est-ce qui fait que pour rien au monde tu ne retournerais à ta vie d’avant ?

S’il y a un truc que je peux regretter, peut-être, c'est l'insouciance. Je me rappelle quand j'étais étudiante, on savait que l’état du monde n'était pas joli-joli mais on n'était pas face comme on l’est aujourd'hui. Je pense en réalité que la plupart des gens ont perdu cette insouciance. On ne la retrouvera pas de toute façon. Il y a encore des gens insouciants : ce sont ceux qui ont le regard qui se floute ! Ils essaient de maintenir cet état le plus longtemps possible, ce que je peux concevoir.

Photo prise et choisie par Lise

Qu’est-ce qui te met en mouvement aujourd’hui ?

Je dirais la curiosité, la soif d'apprendre. J'ai l'impression que mon cerveau s’est rallumé pendant la formation : j'ai réussi à engranger plein de trucs. C'est très stimulant ! Pendant mon stage, j’ai découvert le pastoralisme alors que je n’y connaissais rien du tout. Actuellement, je démarre sur un domaine que je ne connais pas, l’aménagement d’une ville. Donc, tous les 6 mois, je développe un nouveau domaine. Ça m'inquiète aussi un peu : j’espère ne pas avoir besoin d’être en permanence dans la recherche de stimulation intellectuelle et de nouveautés, et vouloir changer de boulot tous les 6 mois !

As-tu d’autres projets ?

Comme je l’ai évoqué, le projet qui pourrait me passionner serait de monter un écolieu mais c'est un projet collectif, je ne peux pas porter ça toute seule. Et je suis déjà en train de faire tellement de choses en même temps que, pour l’instant, ça n’est pas possible.

Comment imagines-tu l’avenir ?

Je l’imagine flou, un peu incertain ! Mon objectif serait de vivre dans une petite ville où on travaillerait avec mon compagnon, d'aller travailler tous les deux à pied ou en vélo et d'avoir les services disponibles à pied, de n’avoir à utiliser la voiture que pour aller soit en loisir à Toulouse, soit pour aller voir la famille. Un peu comme dans les communes où je travaille. Mais le choix reste compliqué : c'est petit, on ne connaît personne, c'est isolé, si on a des enfants là-bas on sera encore plus isolés... Il y a donc encore beaucoup de questionnements. En plus, c'est l'hiver, pas la meilleure période pour se projeter !

As-tu un livre instructif ou inspirant à conseiller ?

Le livre qui m'a beaucoup marqué pendant la formation c'est “Et si... on libérait notre imagination pour créer le futur que nous voulons ?” de Rob Hopkins. Ce que j’ai énormément apprécié dans ce livre, c’est le fait de projeter de nouveaux imaginaires, ça fait beaucoup de bien. Il n’est pas dans l'imaginaire de l'effondrement mais parle de ramener des places publiques, de ramener du social, du lien humain, de la cohésion. Il ne faut pas idéaliser non plus, la parfaite harmonie dans le collectif est un peu une utopie. En attendant, on peut apprendre à vivre plus intelligemment ensemble, et c’est déjà pas mal.

Y a-t-il des choses dont on n’a pas parlé et que tu souhaiterais ajouter ?

Pendant la formation, on nous a fait faire un exercice d’introspection où on devait dérouler notre parcours, nos envies, pourquoi on avait fait tel choix à tel moment. Juste pour comprendre, pas pour juger. Pour moi, ça a remplacé au moins 15-20 séances de psy ! Le fait de comprendre mes choix passés m'a aidé à accepter mes choix actuels. Par exemple, le fait que mes choix actuels ne soient peut-être pas à la hauteur de l'urgence que l’on ressent parfois, mais que je puisse me dire que c’est à la hauteur de ce dont j'ai besoin aujourd'hui, des besoins que j'ai et de l'énergie que je peux y consacrer et que donc c'est acceptable, et donc “Ne te flagelle pas” ! C'est super de comprendre quelles sont ses motivations et quels sont ses leviers. Ça nous aide à être indulgent vis-à-vis de nous-mêmes et de nos choix. Mais je reconnais que c’est un travail difficile à faire seul.

Au début de la formation, nous avons aussi fait ce qui s'appelle le Travail qui relie. Nous étions accompagnés par des personnes qui font des ateliers Pleine conscience. Pour parler de notre anxiété, ils nous ont fait faire des exercices où on parle à l'autre, où on essaie d'être pleinement à l’écoute, sans jugement et sans chercher à réagir à ce qu’on nous dit, juste à l’écoute. Ce que j'ai trouvé génial, c'est qu'on nous a incité à exprimer nos émotions. Dans un climat de bienveillance, on a osé dire des choses profondes à des gens qu'on connaissait à peine. Je trouve cela hyper important parce que, finalement, dans notre société, on parle très peu de nos émotions. On en parle un petit peu : quand on est très bourré, ou en petit comité… Ce sont des mots qui ne sont pas faciles à prononcer mais qui font du bien aussi. Réapprendre à parler de ses émotions avec ses proches, des choses basiques, en fait : que ceux qui sont plus âgés puissent dire que, eux aussi, ils ont peur du changement climatique, aussi pouvoir en parler avec ses propres parents, mettre des mots dessus pour rendre ça humain.

Le plus important, c’est que nos actions aient du sens pour nous, qu’elles donnent un sens à notre existence”

Une autre chose que j’ai comprise, c’est que, même si c’est le changement climatique qui nous rend anxieux, on n’est pas forcé de se mettre en action dans ce domaine-là. Ce que je veux dire, c’est que, le plus important, c’est que nos actions aient du sens pour nous, qu’elles donnent un sens à notre existence. J’ai autour de moi des gens qui font des reconversions vers des métiers liés au soin à l’autre: un géomaticien qui devient assistant maternel, un ingénieur éolien qui devient éducateur spécialisé pour les enfants autistes, une marketeuse qui devient orthophoniste, etc. Leur rapport au travail a complètement changé et je trouve ça vraiment inspirant.

Merci Lise. Je te souhaite bon cheminement et bonne route.

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