De quoi parle-t-on quand on parle d’éco-anxiété ?

Par Claire le 06/01/2024 dans Prise de conscience

Mis à jour le 06/01/2024

Le terme éco-anxiété est de plus en plus utilisé mais son utilisation n’est pas sans poser de problèmes :

  • Il contient le terme “anxiété” alors que certaines personnes ressentent plutôt de la colère, de la tristesse, ont un sentiment de l’impuissance, etc.
  • “Anxiété” a un sens plutôt négatif alors que l’éco-anxiété est provoquée par une prise de conscience saine des bouleversements écologiques. Certaines personnes militent ainsi pour l’utilisation d’autres mots tels que “éco-sensibilité” ou “éco-lucidité”

Dans cet article, je précise comment j’utilise le terme “éco-anxiété” et j’en définis les contours : ce qu’il est et ce qu’il n’est pas dans ma pratique de psychologue.

De la prise de conscience à la mise en mouvement

La prise de conscience des enjeux environnementaux, des bouleversements écologiques et de la nécessité de changer notre façon d’habiter la Terre s’accompagne d’une meilleure compréhension des divers phénomènes. Il s’agit des aspects cognitifs liés à la prise de conscience. On peut alors parler d’éco-lucidité ou éco-conscience car nous sommes lucides sur les phénomènes écologiques en cours, sur leurs causes et leurs conséquences.

Cette prise de conscience peut alors venir réveiller une éco-sensibilité, qui est le fait d'avoir une sensibilité particulièrement marquée par rapport à la Nature et au vivant. Elle est associée à des sentiments agréables comme l'amour pour le vivant, l'émerveillement, l'envie de prendre soin. A noter que les personnes peuvent être sensibles au vivant avant leur prise de conscience écologique.

Cette compréhension cognitive des bouleversements écologiques et à leurs conséquences va souvent générer un vécu désagréable voire souffrant chez la personne. C’est ce vécu douloureux que j’appelle l’éco-anxiété, notamment lorsque ces sentiments sont mal tolérés, qu’ils se répètent ou qu’ils durent, et qu’ils peuvent empêcher la personne de bien fonctionner,

Afin de diminuer ces ressentis désagréables, la personne se mettre en mouvement et mettre en place des changements dans sa vie :

  • Changer des comportements, par exemple par l’action
  • Changer sa manière de penser, par exemple ses priorités de vie
  • Changer sa manière d’être, par exemple sa manière d’être au monde, d’être avec autrui, etc..
  • Changer sa manière de ressentir, par exemple son lien avec ses émotions

Ces changements vont souvent apporter des aspects positifs, agréables ou motivants, dans la vie de la personne, tant dans son vécu intérieur que dans sa vie extérieure.

Tant ma pratique de psychologue clinicienne, même si je m’intéresse bien évidemment aussi aux changements que la personne peut mettre en place et aux aspects positifs, je réserve le terme d’éco-anxiété au vécu désagréable ou souffrant de la personne face aux bouleversements écologiques.

Définition de l’éco-anxiété que j’utilise

Compte-tenu des éléments précédents et qu’il n’y a pas une définition officielle de l’éco-anxiété, voici celle que j’utilise :

Pensées et émotions désagréables, voire douloureuses, face aux bouleversements écologiques et climatiques actuels et à venir, et à leurs conséquences sur nos sociétés

Il s’agit d’une détresse tournée vers le futur et alimentée par :

  • La mise au regard de la crise écologique et de la constatation de l’inaction globale de nos sociétés
  • Les récits dans lesquels on s’inscrit

Ses manifestations qui dépendent de la personne et du moment mais on retrouve souvent :

  • Anxiété par rapport à l’avenir
  • Sentiment d’impuissance
  • Colère
  • Tristesse
  • Tensions avec autrui
  • Perte de sens
  • Sidération et paralysie
  • Repli sur soi
  • Culpabilité
  • Dégoût
  • Insomnies, Perte d'appétit
  • etc.
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