Les normes sociales

Par Claire le 23/08/2020 dans Comment la théorie nous éclaire

On aimerait souvent se croire libre penseur, l’esprit indépendant. Pourtant, tous, chaque jour, nous nous conformons à des normes sociales.

Définition

D’après le Grand dictionnaire Larousse de la psychologie, une norme sociale est l’“Ensemble des comportements et des réactions qu’un groupe social approuve et désapprouve, et dont il attend qu’il soit régulièrement adopté ou évité par ses membres en toute situation pertinente”.

Ces normes peuvent être assez générales : manger le dessert après le plat principal, porter les chaussettes d’une même paire, ne pas s’assoir juste à côté d’un inconnu dans une salle d’attente alors que toutes les autres chaises plus éloignées sont vides…

Elles peuvent aussi être spécifiques à un groupe plus restreint : manière de s’habiller (costume ou jean et t-shirt ?), façon de s’exprimer (vouvoiement ou tutoiement ? langage familier admis ou non admis ?), façon de se comporter (comportement organisé requis ou acceptation de comportements plus bohèmes ?), façon de se penser (valorisation du conformisme ou valorisation de l’anti-conformisme ?), manière de consommer (avec ou sans emballage ? marchés et petits commerces ou grandes surfaces ?), types de voyages (“vacances de rêves” à l’autre bout du monde ou rester près de chez soi ?)...

Caractéristiques des normes sociales

La norme sociale concerne les comportements mais aussi les opinions, croyances, valeurs. Elle n’est pas innée : elle est transmise par le groupe et fait l’objet d’un apprentissage social.

Elle a une composante descriptive : ce que la plupart des membres d’un collectif font et pensent. Et une composante prescriptive : ce qu’il faut faire ou penser, ou pas, dans une situation donnée. Elle nous dicte ainsi ce qu'il convient ou ce qu'il ne convient pas de faire et de penser.

Une norme ne renvoie pas à un critère de vérité : elle n’est pas universelle, elle peut varier d'un groupe à l'autre, d'une époque à l'autre… Pourtant, lorsqu'un membre du groupe accepte une norme en intériorisant ses valeurs, il estimera être du côté de la vérité ou, pour le moins, de ce qui est désirable.

L’influence de la norme sur nos comportements et opinions

Si la norme est généralement implicite (non-dite), son poids est pourtant bien réel sur nos actions et notre façon de penser. D’une part, parce qu’étant non verbalisée, son influence n’est pas toujours consciente, notamment lorsqu’elle est bien assimilée par l’individu, et, d’autre part, parce qu’elle est fortement liée à la notion de désirabilité.

Nous sommes des êtres sociaux qui avons besoin de ressentir un sentiment d’acceptation et d’appartenance réciproque avec les membres des groupes dans lesquels nous sommes insérés. Il arrive que nous respections les règles simplement pour “être tranquilles” car avoir un comportement considéré comme déviant de la norme attirera de la réprobation, du rejet, voire des sanctions. Cependant, nous nous conformons généralement aux normes du groupe parce que nous les avons intégrées, que nous nous les sommes pleinement appropriées. Les appliquer nous permet de nous sentir acceptés par le groupe, de recevoir de l’approbation de la part des autres personnes du groupe et d’être reconnu comme un membre à part entière.

Manières de se conformer aux normes sociales du groupe

Il existe donc plusieurs manières de se conformer au groupe (Kelman, 1958) :

  • La complaisance : le système de croyances de la personne n’est pas touché. Elle cherche à ne pas faire de vague et se conforme pour garder l’approbation du groupe et continuer d’y être accepté. Il y a alors une différence entre ses opinions privées et celles affichées publiquement. On parle d’acceptation publique sans adhésion privée,
  • L’identification : la personne cherche à établir et conserver des relations positives avec un groupe qui est important pour elle et qui l’attire. Elle croit généralement, ou pense croire, intimement aux valeurs affichées par le groupe. Cette adhésion peut cesser lorsque le groupe perd de l’importance pour l’individu,
  • L’intériorisation : la personne croit profondément en la justesse des opinions affichées par le groupe. L’intériorisation correspond à un remaniement profond du système de croyances avec intégration des valeurs du groupe à son propre système de valeurs.

La complaisance va typiquement apparaître dans un groupe fondé sur des relations de pouvoir, comme c’est le cas dans l’environnement de travail. L’identification et l’intériorisation auront plus tendance à apparaître dans les groupes dans lesquels nous sommes insérés de fait (ses proches) ou par choix (amis, groupes liés à ses loisirs). Dans ces derniers cas, une adhésion privée, profonde, est généralement présente ce qui rend très fort le poids des normes du groupe. Comme on l’a vu, s’y greffent souvent des aspects affectifs qui nous relient à ce groupe et qui renforcent notre besoin de nous conformer pour nous faire accepter et apprécier du groupe.

S’écarter des normes sociales de son groupe d’appartenance ?

Il n’est donc pas si facile de s’écarter des normes de son groupe car nous y sommes reliés comme par un élastique par notre système de croyances et par nos affects. Il n’est pas facile non plus de faire changer la norme majoritaire présente dans le groupe, justement parce qu’elle est majoritaire. Néanmoins, il a été montré qu’une minorité peut influencer un groupe plus important et faire évoluer les normes de ce dernier. C’est ce qu’on appelle l’influence minoritaire.

Petite précision

Il ne s’agit pas d’un cours de psychologie : seuls les éléments pertinents avec le thème “Psychologie et climat” sont abordés dans cet article.

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