Intégrer un groupe de parole

Par Claire le 21/06/2020 dans Prise de conscience

Si l’anxiété qui accompagne souvent la prise de conscience du dérèglement climatique est trop forte et que les émotions ressenties ne sont plus gérables, un accompagnement thérapeutique doit être envisagé. Il offre un cadre dans lequel il va être possible d’exprimer ses émotions, ses ressentis, quels qu’ils soient. Grâce à son écoute bienveillante, le thérapeuthe vous aidera à les exprimer, à les accueillir, à les accepter pour vous permettre de les traverser et de les transformer en énergie positive afin que vous puissiez vivre en paix avec vous. La psychothérapie permet que chacun soit accompagné dans son histoire particulière, dans son vécu particulier, à son rythme.

Grâce à la dynamique de groupe, un groupe de parole, sous l’animation d’un thérapeuthe ou d’une personne formée, est un autre moyen de travailler sur soi. Il peut aussi venir en complément pour des personnes engagées dans un processus de travail individuel. Il offre un cadre social d’expression de ses difficultés en lien avec la prise de conscience de la crise écologique. Il peut également apporter un soutien lorsque l’environnement social dans lequel on évolue n’est pas ouvert à la problématique écologique. Il existe de nombreux formats de groupes en format (ponctuels, réguliers avec une périodicité variable, ouverts avec entrées et sorties permanents, fermés c’est-à-dire avec un groupe constitué au début ce qui permet de sécuriser l’espace de parole, gratuits et animés par des bénévoles, payants et animés par des professionnels, etc.)

Grâce à des règles d’interactions bienveillantes, le groupe permet à chacun de trouver différentes natures de soutien : un soutien émotionnel, un soutien cognitif et un soutien pratique.

Soutien émotionnel

Il existe un silence socialement construit qui entoure le dérèglement climatique : celui-ci n’est généralement pas un sujet de conversation entre famille, amis, collègues ou voisins. Tout au plus est-il évoqué superficiellement lorsqu’il fait anormalement chaud ou lors de canicules.

Il y a plusieurs explications à ce silence.

Il s’agit d’abord d’éviter un sujet anxiogène pour soi et potentiellement pour les autres. On répugne à passer pour la personne qui plombe l’ambiance avec des discours pouvant être perçus comme anxiogènes ou radicaux.

La lutte contre le dérèglement climatique et la crise écologique est aussi un sujet vaste et complexe pour lequel il n’existe pas de solution simple et facile. Et les solutions qui s’attaqueraient en profondeur au problème remettent trop en question nos modes de vie occidentaux. On se sent aussi tous plus ou moins coupables de contribuer à la catastrophe environnementale (qui n’utilise aucun moyen de transport carboné ? Qui ne consomme absolument que des produits locaux dans tous les domaines de sa vie ? …). Ne pas trop en savoir permet de garder une bonne image de soi. Ainsi, lorsque le sujet est abordé, il est souvent rapidement évacué, notamment par divers arguments révélateurs de déni (voir Courbe du deuil).

La prise de conscience du dérèglement écologique est aussi ressentie comme une révélation individuelle, dont on met souvent du temps à se relever et dont la traversée est éminemment personnelle. Or, il n’est jamais facile de parler de ressentis intimes. De plus, être entouré de personnes qui sont encore dans le déni peut être une source de grande anxiété : on ne peut pas partager, on peut même se demander si ce qu’on ressent est normal (voir Comprendre la détresse que je ressens). Et l’on se tait alors.

Un groupe de parole sur le dérèglement climatique et écologique et autour des émotions qu’il suscite sera un espace créé autour d’un même sentiment, celui d’un monde qui va vraiment mal. Nous pourrons alors y faire part de nos doutes et de nos craintes, de nos difficultés à changer ou à agir (voir aussi Je voudrais changer mon mode de vie et Je voudrais me mettre en action). Il permet de se rendre compte qu’on n’est pas seul à ressentir de l’écoanxiété. Il permet de se sentir écouté, soutenu. Le groupe comprend ce que je vis et ce que je ressens. Bien animé, il me fait sentir que je suis une personne de valeur, unique mais appartenant à la même humanité. Les rencontres et le partage peuvent avoir un réel effet thérapeutique sur votre santé mentale. Dans le meilleur des cas, le groupe ou certains de ses participants constitueront une communauté qui pourra vous aider dans les moments où vous allez mal.

Soutien cognitif

Ce collectif qui comprend ce que je vis, qui a eu lui aussi ce déclic de prise de conscience pourra m’aider à analyser la situation grâce à l’éclairage que chacun va apporter. Ce que les autres vont dire vont me questionner, m’aider à prendre du recul, à envisager les choses sous un autre angle, à évaluer la situation différemment. Mais aussi m’inciter à approfondir des aspects auxquels je ne me suis pas intéressé.

Je m’apercevrai aussi que j’aide les autres de la même manière, que je les aide à progresser, ce qui en retour sera gratifiant et m’apportera à nouveau du soutien émotionnel.

Soutien pratique

Le groupe de parole va nous permettre de nous appuyer sur la force du collectif.

On l’a vu, après la prise de conscience, on se sent coupable de nos modes de vie, de nos actions individuelles qui renforcent la destruction de l’environnement. Mais ne pas en parler et garder cette culpabilité pour soi est le meilleur moyen pour ne pas réussir à changer nos comportements et pour continuer à ressentir de la culpabilité. A l’inverse, reconnaître cette culpabilité devant un groupe, c’est se rendre compte qu’on n’est pas seul à la ressentir ce qui permet de se pardonner et de se mettre en mouvement.

Par ailleurs, grâce à leurs conseils et leur validation, les membres du groupe m’aideront à réaliser les tâches pour me mettre en mouvement. Si l’on est seul à agir, on se sent vite impuissant, isolé et il est difficile de garder la motivation. Lorsque nos espoirs sont renforcés par une communauté partageant les mêmes préoccupations et convictions et poursuivant le même objectif, la mise en mouvement est plus facile et entretenir ce mouvement l’est aussi.

L’autre intérêt du groupe est la force de l’engagement. Si l’on prend alors des engagements publics de changement, il a été montré (Lewin, 1947) qu’on est plus susceptible de les tenir car on cherche à donner une image de constance aux autres, on souhaite se montrer comme une personne cohérente. Le groupe de parole peut ainsi nous aider à mieux mettre en cohérence notre mode de vie et nos actions avec notre prise de conscience.

En résumé

Il est souvent difficile de parler de son écoanxiété. Notamment parce qu’il existe un silence socialement construit qui entoure le dérèglement climatique et, plus généralement, la crise écologique. Pourtant, rester seul avec sa prise de conscience peut être une source de grande anxiété : on ne peut pas partager, on peut même se demander si ce qu’on ressent est normal.

Intégrer un groupe de parole peut être un moyen d’aller mieux. On y trouvera plusieurs niveaux de soutien :

  • Un soutien émotionnel : le groupe permet de se sentir écouté, de se rendre compte qu’on n’est pas seul à ressentir de l’écoanxiété,
  • Un soutien cognitif grâce à l’éclairage que chacun va apporter sur la situation,
  • Un soutien pratique car, grâce au groupe, la mise en mouvement est plus facile et entretenir ce mouvement l’est aussi (voir aussi Je voudrais changer mon mode de vie et Je voudrais me mettre en action).

Les initiatives de groupes de parole liés à l’écoanxiété sont de plus en plus nombreuses. Il est alors important de bien choisir le format du groupe en fonction de sa sensibilité et de ce que l’on recherche.

Si vos difficultés vous empêchent de bien fonctionner, n’hésitez pas à rencontrer un.e psychologue même ponctuellement.

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