Se concentrer sur le présent et le futur proche

Par Claire le 28/01/2024 dans Prise de conscience

Mis à jour le 28/01/2024

Les projections scientifiques (GIEC, IPBES) nous projettent dans un futur souvent éloigné, 2050 ou 2100. Nous sommes conscients de tout ce qu’il y a à faire pour limiter la catastrophe, tout semble urgent, tout semble important. Parfois, la panique n’est pas loin.

Se focaliser 2050 ou 2100 renforce notre sentiment d’impuissance

Si les projections sur les 25 ou 75 prochaines années sont nécessaires pour définir un cap, pour avancer au jour le jour, il est souvent nécessaire de savoir s’en détacher. En effet, la tâche semble d’autant plus immense que l’horizon est lointain, tout ce qu’il y a à faire, dans tous les domaines y compris ceux qu’on ne maîtrise pas, s’accumule et devient énorme.

De plus, nous nous projetons souvent avec nos ressources actuelles ou l’absence de certaines ressources. Et on se dit qu’on n’est pas prêt, qu’on est très loin d’être prêts. On oublie que d’ici que nous arrivions dans ce futur qui est dans plusieurs dizaines d’années, nous aurons individuellement et collectivement acquis des compétences complémentaires, que la société et notre environnement local se seront, au moins partiellement, adaptés.

Sans tomber dans un optimisme béat, il s’agit de remettre les choses à leur place et prendre le temps de s’imprégner du fait que la menace, mais aussi nos ressources, sont des choses qui évoluent, que rien n’est entièrement écrit, qu’on peut s’adapter pour amortir les chocs et qu’on a toujours du pouvoir. Si vous sentez que vous avez des difficultés à réaliser cela pleinement, une lecture de l’article Accueillir ses émotions peut être aidant, notamment la partie “Se décoller de ses pensées” qui aide à distinguer et à séparer les faits des interprétations/croyances.

Se projeter dans un futur proche et non lointain

L’écoanxiété emmène souvent notre esprit dans le futur. Plus cet avenir est lointain, plus il est incertain ce qui alimente notre éco-anxiété. Souvent, les projections que nous faisons sont effrayantes. Les changements pour que cet avenir soit soutenable sont énormes. Et plus nous pensons à ce qui est loin dans le temps, plus ce à quoi nous pensons est alarmant, plus on se sent impuissant.

Se concentrer des projets atteignables dans un futur proche (quelques semaines, quelques mois, voire un tout petit nombre d’années) redonne du contrôle. C’est un peu comme de la gestion de projet : si on vous demande de construire l’équivalent du Viaduc de Millau, cela semble un projet insurmontable. Si on découpe cette construction en sous-projets, tâches, sous-tâches auxquelles sont va s’attaquer au fur et à mesure en fonction de différentes étapes, et que l’on se concentre sur chaque morceau, que l’on fait confiance à d’autres pour s’occuper d’autres morceaux, le projet semble plus atteignable, moins incertain, moins lointain et donc moins angoissant.

Porter son attention au moment présent

Si le passé permet d’apprendre de ses erreurs, si le futur permet de se fixer des objectifs, il est bon de se souvenir que le présent est le seul moment dans lequel nous pouvons agir. C’est toujours dans le moment que se passe l’action.

S'entraîner à vivre pleinement le moment présent est aussi reconnu comme un élément permettant d’aller bien.

Tu ne peux pas modifier le passé, et le futur ne se déroulera jamais exactement de la manière dont tu le prévois ou tu le souhaites. [...] Tes chagrins, tes peurs et colères, regrets et culpabilités, tes désirs et tes peurs n’existent que dans le passé ou dans le futur

Dan Millman, Le guerrier pacifique

Un grand classique pour se connecter à l’instant présent est de pratiquer de la méditation classique où il s’agit de focaliser notre attention sur ce qui se passe à l’intérieur de nous ici et maintenant (respiration, sensations, pensées, émotions, etc.).

On peut aussi pratiquer la pleine conscience dans nos actions quotidiennes en portant notre attention à ce que l’on vit au moment présent notamment à travers nos 5 sens. Par exemple, sous votre douche, nous pouvons porter votre attention de manière délibérée sur ce qui se passe au niveau de nos différents sens : la sensation de l’eau sur notre peau, le bruit de l’eau, l’odeur du savon, ce que nous voyons dans votre salle de bain. On peut ajouter la conscience de nos muscles lorsque nous bougeons. Toutes les tâches un peu automatiques sont propices à cette pratique, y compris la marche, par exemple la marche en nature.

En développant cette capacité à vivre pleinement le moment présent, nous nous sentons vivants, intégrés à ce qui se passe dans l’instant. Nous ne passons plus à côté de notre vie enfermés dans notre tête.

Donner rendez-vous à son cerveau pour ruminer

Parfois, rester dans le moment présent demande un trop gros effort. Notre cerveau a “besoin” de penser, anticiper, ruminer sur le passé ou sur le futur.

Si les ruminations sont trop intenses, on peut s’adresser à notre propre esprit et lui donner rendez-vous plus tard, en fixant un moment et une durée, puis ramener notre attention sur l’instant présent. Il s’agit ensuite de tenir sa promesse et, au moment convenu, de laisser l’objet des ruminations revenir pour la durée déterminée. Il peut alors être très utile de mettre ces pensées par écrit. Nul besoin de les organiser, de bien rédiger ou de chercher à ne pas être redondant : laissez vos pensées venir, écrivez-les et continuez. Vous pourrez ensuite relire vos notes ce qui pourra vous aider à prendre de la distance avec elles.

Plus généralement, ceux qui aiment écrire peuvent se tourner vers la tenue d’un journal ou l’écriture de poèmes.

Résumé

Les projections scientifiques nous projettent dans un futur souvent éloigné, 2050 ou 2100. Nous sommes conscients de tout ce qu’il faut faire, tout semble urgent, tout semble important. Nous nous sentons impuissants et tout cela tourne dans notre tête.

Se concentrer des projets atteignables dans un futur proche redonne du contrôle. Si le passé permet d’apprendre de ses erreurs, si le futur permet de se fixer des objectifs, il est bon de se souvenir que le présent est le seul moment dans lequel nous pouvons agir.

S'entraîner à vivre pleinement le moment présent est reconnu comme un élément permettant d’aller bien. Cela nous permet de vivre pleinement le moment présent et de ne plus passer à côté de notre vie enfermés dans notre tête. Cette reconnexion au présent peut se faire par de la médiation de pleine conscience classique mais peut aussi être faite en se reconnectant à nos 5 sens dans les actions quotidiennes.

Si les ruminations sont trop intenses, on peut donner rendez-vous plus tard à notre esprit. Et le moment convenu laisser l’objet des ruminations revenir pour la durée déterminée. Il peut alors être très utile de mettre ces pensées par écrit.

Si vos difficultés vous empêchent de bien fonctionner, n’hésitez pas à rencontrer un.e psychologue même ponctuellement.

Des questions, remarques, commentaires ? N'hésitez pas à m'écrire à claire@psychologie-et-climat.fr et retrouvez-nous sur Twitter et Facebook.